Histoire d'Aline
Chapitre 1








    Quand j'ai entendu sonner à la porte, j'ai d'abord commencé par faire la grimace, j'ai horreur d'être dérangé pendant mon travail, puis je me suis dit que mon adresse n'étant connue que de peu de gens, cela ne pouvait être que quelqu'un que j'apprécie
    je posai donc mon appareil et partit ouvrir la porte.
    Elle était la , sur le seuil, un vague sourire sur son visage, elle me regarda un instant puis baissa la tète
    - bonjour , fis je , merci d'être venue.
    Trop heureux de sa visite, je ne voulus rien faire pour la décourager d'entrer, voyant qu'elle ne répondait pas , je me mis sur le coté pour lui céder le passage.
    Elle entra sans un mot, je refermais la porte derrière elle.

    Les femmes ne manqueront jamais de me surprendre...J'avais rencontré Aline dans le train. En fait elle s'est retrouvée assise sur le siège a coté de moi. Elle s'était mise à lire une revue à vocation artistique, d'après le coup d'oeil un peu indiscret que j'y avais lancé.
    Pendant un moment , elle laissa le magazine ouvert sur une superbe photo de Bourdin que je ne connaissais pas. Je me mis à examiner cette photo avec insistance, tant même que cela dut paraître suspect à la jeune femme, elle finit par tourner la page à mon grand regret. Je continuais presque malgré moi, à regarder son magazine , espérant y découvrir d'autres photos.
    Au bout d'un moment , je sentit se poser sur moi un regard désapprobateur
    - pardon , m'excusais je, mais je suis photographe , moi aussi , et vous tenez la un inédit de Bourdin
    Elle tourna les pages jusqu'à revenir a la photo
    - vous trouez ca beau, fit elle peu aimable , une femme  avec une chaussure sur la tète ?
    Je souris malgré moi
    - oui , mais signé Bourdin c'est autre chose ! et puis vous avez vu la hauteur des talons!
    - c'est impossible à porter ces choses la, répliqua t elle
    Ce fut à mon tour de la désapprouver
    - toute la journée , je ne dis pas, mais pour des portraits, on ne fait pas mieux
    - j'imagine bien le genre de photo qu'on doit faire avec ca, lança t elle d'un ton froid
    Je la regardai , contrarié, elle avait un joli visage , tout en douceur , des cheveux long et fins qui couvraient ses epaules...Mais un mauvais caractère, pensai je...
    - ce n'est pas parce que l'on fait porter des talons hauts à un modèle qu'on est vulgaire !
    - oui mais souvent elles ne portent que ca, dans votre métier, ou une lingerie sexy dérisoire...
    - dérisoire ? fit je, vexé, celle que je fais porter à mes modèles est tout sauf dérisoire, d'ailleurs je ne qualifierais même pas cela de lingerie
    Elle haussa les épaules:
    - vous , les hommes, vous n'avez aucun goût pour ca.
    Je restais un instant sans répondre, puis fouillant dans mon portefeuille, je lui tendait ma carte.
    - venez faire une séance de photos dans mon atelier, lançais je , vous choisirez votre tenue, peu être sera t'elle autrement que dérisoire...
    Elle prit la carte sans dire un mot et notre conversation prit fin . Elle descendit bientôt du train et je ne tardais pas à l'oublier.
Jusqu'à cet instant, sur le seuil de ma porte.

    Mon atelier est trop petit pour lui en proposer la visite, en fait une seule grande pièce pour les prises de vues, complétée d'une salle de bain,  d'un dressing et d'une pièce noire pour le développement et le tirage papier.
    - Voulez vous boire quelque chose , proposai je
    Elle ne répond pas, se contentant de faire quelques pas dans le studio. Je reste dans le couloir à la regarder. Elle s'approche du dressing , y jetant juste un rapide coup d'oeil.
    - c'est ici , expliquai je que les modèles se changent.
    Son silence continue.
    - je range les chaussures à talons , dans le petit meuble au fond, les bottes à 18 cm de talons n'ont encore jamais été portées.
    Je la vois faire la mou
    Elle s'approche de la porte du dressing , sans y entrer.
    Je réfléchis un instant , devrais je la provoquer, lui rappeler notre conversation, ou la laisser , rêveuse , à ses interrogations. Je choisis finalement une autre solution
    - je change la pellicule de l'appareil, fais je en m'eloignant vers la studio sans la regarder,
    -dans le dressing ,continuais je,   la penderie à votre gauche est consacrée à la lingerie classique et aux tenues légères, celle de gauche est dédiée à ces tenues qu'on appelle fétichistes, vous y trouverez des cuirs, des latex, des vinyles, et dans la valise , des accessoires  tels que menottes, bâillon , cordes ou chaînes...
    Je m'occupe des mes appareils sans plus la regarder, mais, me retournant quelques instants plus tard, elle n'estt plus dans le couloir, et la lumière du dressing est allumée...

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